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La Corneille
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20 novembre 2006

Contre négation / Publication de l'être

CONTRE NEGATION
PUBLICATION DE L'ETRE

Ecrire à froid pour pouvoir dire les choses
494117116
Ne m'en parlez plus, je vous en prie !

Vous êtes gentils, bien pensants, attentionnés
Mais vos mots sont des poignards assoiffés que vous ne contrôlez pas
Des chiens enragés lâchés contre mon être
Mon être car il n'est pas question de mon âme
Mon âme est dans une bulle et nage à contre courant pour éviter le récif acéré d'où elle vient
Mon âme se sauve, comme elle peut, et essaye pendant ce temps de penser à autre chose
Mais en dessous, ou plutôt derrière elle
Une marée noire, d'un pétrole gluant, visqueux et répugnant
Derrière elle un nuage nauséabond écœurant et détestable
Je sais que vous n'en savez rien
Je sais que personne ne remarque jamais ma voix qui change, mes yeux qui se voilent...
Qui s'attarde à essayer d'imaginer ? Qui voudrez s'amuser à imaginer une chose pareille ?
On ne veut pas s'imaginer un vide béant qui se creuse depuis l'origine de la création
La dans la poitrine, au creux du ventre, et dès qu'un homme vous touche ou vous parle
On ne veut pas s'imaginer ce que c'est d'être reniée à chaque seconde de sa vie
Et de sans cesse se battre pour avoir l'illusion de gagner de la valeur aux yeux des autres
On ne veut pas s'imaginer ce que c'est de ne pas valoir la peine
De sentir qu'au fond de soi on reste minable, un être humain insignifiant, à jamais imparfait
On ne veut pas s'imaginer ce que c'est d'être la pièce en trop du puzzle,
La pièce rapportée, l'élément gênant du tableau idyllique et si parfait
Et si une fois il nous est imposé ressentir cette torture, même une fraction de seconde,
On s'empresse, on oublie au plus vite cette souffrance
Je ne vous en veux pas, je comprends.
Je sais que quand on ne sait pas on ne pouvait pas savoir.
Mais alors résignez-vous, n'essayez pas de trouver les mots
N'essayer pas d'être plus habiles que les autres car les mots s'écrasent
Ils se fracassent, il s'ouvrent et suintent leurs liqueurs répugnantes
Ne cherchez plus, oubliez ce fond de moi, ce rouage hideux
Ce moi immonde
Niez-le comme ils le nient
Oubliez-le comme ils l'oublient
Entrez, vous aussi, dans le jeu si divertissant du mensonge
Celui qui voile les erreurs qu'on ne veut pas voir et qui nous soulage
Comprenez, sinon vous découvrez une partie du mécanisme déstabilisant l'effet d'ensemble
C'est ennuyeux, et pour tout le monde
Alors dans un pur souci d'esthétique
Gardez le silence, taisez-vous à jamais, on ne vous demande que ça
Laissez les consciences seules savoir, laissez mon esprit seul, incapable, devant la laideur infâme
Personne ne peut rien faire et de toute façon personne ne fait rien
Tout le monde en crève, mais tout va bien.

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