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La Corneille
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14 avril 2008

On rit, tu m'as fait boire...

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Juste quelques mots en souvenir d’une soirée de décadence, de têtes en farandoles, de corps allongés, nonchalants, encore…

Le liquide fruité, sucré qui coule dans mes entrailles fait éclore un sourire sur mes lèvres. Ca tourne. Je danse. Les yeux mi clos, les lèvres en demi-lune, si je ferme les yeux il n’y a plus que mon corps et la musique. Mes pensées se sont envolées, enfin. Les verres font sonner leur douce mélodie, l’alcool coule partout, par terre, en nous. On oublie tout.

Bruit d’eau. Voix masculine, ralentie par les volutes de fumée, enivrée par la tequila au coin des lèvres. Lui devant moi. Adossée au mur, la tête penchée sur le coté, la nuque exposée aux crocs de la nuit. Il me frôle, les lèvres toutes proches, sa main sur ma taille, son souffle sur mon visage. Parfums d’alcool, de cigarettes, et la musique bat toujours son plein. Lui face à moi, regard flamboyant échangés juste comme ça, pour rire.

Les verres valsent, les cendres tombent, les rires fusent, les corps las s’écroulent, s’effondrent, fondent peu à peu dans les coussins, sur les divans, par terre, dans les couvertures, sur les matelas. Les regards en biais se croisent, enflamment les corps et les cœurs. Les esprits embrumés s’affolent. Je me vois déjà une main sur ses reins, une autre dans sa nuque, passant dans ses cheveux. Front contre front, les yeux dans les yeux, avec l’angoisse de l’interdit au ventre. Pourtant, je sais qu’il sent comme moi ce magnétisme à l’éthanol qui nous aimante. Je le suis dans la chambre, loin des éclats de rire un peu fous. Le lit nous lance ses chants de sirène. Son bassin contre le mien, pourtant il n’y a rien que de la musique. On oublie tout. Envie de fumer, encore et encore, de boire, encore et encore. Chaque gorgée me fait oublier un peu plus la précédente. Plus de passé, plus d’avenir, que du présent en instantané ultra concentré. Folle envie de glisser ma langue entre ses lèvres, de goûter à sa bouche, à son odeur, à sa peau, à son corps. Mes yeux le déshabillent et j’imagine son torse luisant de sueur, le souffle court. Tout m’attire vers lui, et pourtant…

La mort des bouteilles sonne le glas de mes délires incandescents. Mes hallucinations voluptueuses meurent avec le dernier pétard écrasé dans le cendrier. Il s’effondre.

Je le relève, le soutiens. Son corps, enfin contre le mien, son bras autour de moi. Pourtant, je n’y pense même plus. La soirée a rendu l’âme avec les lumières qui une à une s’éteignent.

Il se jette sur son lit. Il n’est plus là. Les yeux fermé, le cerveau buté contre toute réalité. Me fuit-il ? ou dort-il vraiment ?

Dernier cadavre. Je ferme la porte sur ces corps enivrés, ensommeillés, débauchés, inconscients du monde qui continue à tourner. Je referme la porte sur ma débauche.

La cigarette aux lèvres, dernière de la nuit, dernière compagne. Dehors, il pleut, les lumières de la nuit se reflètent dans les flaques grises de la rue déserte. Je me glisse lentement dans mon lit, en oubliant mes rêves, prête, moi aussi, à tourner la page sur cette soirée de fantasmes ineffables.

Chut ! C’est un secret…

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