Marcher sous la pluie
Le paysage se fond dans un joli flou artistique
Les branches se courbent au dessus de moi
Formant comme une grande arche solennelle
Verte, clairsemée de lumière
Car le soleil brille sous la pluie
Donnant a l’air une teinte dorée
Les fleurs mouillées des ruelles
Colorent l’atmosphère de parfums exotiques
Il fait chaud
Et la chaleur exacerbe ses senteurs qui me rappellent…
Le sourire me revient, je chante à l’intérieur de moi-même
Je fais un joli court métrage
Seule sous la pluie, dans mon grand manteau noir
Mon écharpe serrée autour du cou
Mes bottes trempées et tachetées par le sable de l’avenue
Je me laisse fascinée par le soleil qui disparait derrière le château
Laissant deviner des jardins lumineux et scintillants sous la pluie en soleillée
Les voitures défilent ignorant tout de ma romanesque promenade
Les rares individus croisés baissent les yeux
Comme si se regarder sous la pluie était trop intime
Alors je continue
Mes pas me mènent sur les pavés du vieux quartier de Versailles
Les portes cochères, la salle du jeu de paume
Je pense… sont ce les mêmes pavés depuis tant d’année ?
Est-ce ici qu’ont marché ceux qui ont participé à ce qu’est aujourd’hui notre pays ?
Je me fais happée par l’histoire
Le coin de la rue me rappelle a mes errances
Je m’arrête sous une entrée de boutique fermée
Je suis trempée
L’eau s’infiltre sous mon manteau, au travers des mailles da ma gavroche
Je frissonne… il fait froid
De la fumée s’échappe de mes lèvres, pourtant aucune cigarette au bout de mes doigts
J’observe les passants, immobile contre mon mur
Je laisse glisser mon regard sur les perspectives de cette rue tant désirée, tant espérée
Je tente de l’intégrer, de la graver dans ma tête
Avec ses balcons fleuris, ses restaurants qui se vident et se remplissent, ses enseignes
Puis son ombre arrive
Me rappelle à la réalité
A l’irrationalité de mon geste
Comme réveillée en sursaut, je rattrape mes affaires en vitesse, et file par la rue un peu plus loin
Malheureusement, il n’y a qu’un seul sens : trop tard, il m’a vu, il est là en face de moi
Je sors définitivement de mon rêve romanesque
Irrémédiablement sortie de mon sommeil par la brutalité de ce visage en face de moi
De ce sourire qui me demande des comptes : pourquoi ?
Parce que…
Juste envie d’errer, comme les héroïnes passionnées de mes romans, avec l’illusion d’être
Comme elles
Pleine d’une passion brûlante et aliénante…
Mais tout est faux, tout est feint
Je jette fougueusement mon scenario par terre, tout ca ne rime plus a rien
Je suis réveillée
Pourtant c’était joli, de se promener sous la pluie
Amoureuse du vide, amoureuse d’un songe, amoureuse pour être amoureuse
C’était joli, mon petit film sous la pluie.